LES ESCALIERS DE LA BUTTE…

 

Sont durs aux miséreux, chantait l’artiste au 20e siècle, l’historien pourrait entamer cet ouvrage par quelques couplets ou par le refrain d’un air si célébré depuis, car Montmartre n’est-il pas avant tout lié à la rime, aux chansons à boire, aux hymnes croquants et aux couplets paillards chantés dans les cabarets ?

C’était au siècle où la butte vivait ses dernières années d’indépendance. Longue est l’histoire de la colline dominée jadis par ses géants ailés, son abbaye, ses saints, ses abbesses et ses monarques, ses plaines fraîches aux jardins fruitiers, son petit peuple de cerisiers en fleurs, ses carrières, ses vacheries, son vignoble.

En ce temps-là, autour du parc de la Belle Gabrielle, de la vieille église et des vieux cimetières, des tavernes à tonnelles se dressaient dans des ruelles étroites et silencieuses bordées de petites maisons grises, ridées et aux fenêtres aux rideaux déchirés. Jadis, dit-on, y résida un temps, sous un toit de chaume, Henri de Bourbon, le bon Henri IV, alors qu’il assiégeait Paris, au temps où les Dames pressaient encore le vin de la vigne du Haut Coteau, près de l’église Saint-Pierre ou du Bel-Air, vers le haut du chemin vieux, aujourd’hui rue de Ravigan. Des escaliers, des poulbots, des vergers, Montmartre ressemblait à un paradis terrestre égaré dans la banlieue parisienne. Ses vieilles maisons aux façades grises et son étalage de verdure, ses venelles étroites, offraient encore un air de campagne. Durant les quatre saisons, les parisiens gravirent ses tortueuses sentes, venant se rafraîchir de la senteur des arbres et des terrasses en fleur. C’était les dimanches à la campagne à une porte de la capitale. C’était les jours où des familles croisaient ces grandes figures de la Butte.


Paul Bauer

Fondateur et Guide Paris

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